Ecrire en gascon – béarnais
La norme orthographique moderne
Reclams de Biarn e Gascougne de Juin 1906, pages 114-124.
Avec une introduction de Jean Lafitte, docteur en sciences du langage.
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Comment écrire le béarnais - gascon ? Quelques règles de prononciation
Quelles sont les principales différences par rapport à l’orthographe française ?
Ecouter l'extrait sonore de la méthode "Comprendre, parler, lire, écrire le béarnais".
► Premier principe à retenir → tout ce qui est écrit se prononce, en particulier toutes les consonnes doubles et toutes les consonnes finales, à une seule exception près, le nom de la province qui a donné naissance à la langue béarnaise, le Béarn qui se dit [biyar]ou [béar] et que l’on écrit avec un –n final : Biarn / Bearn. En effet, ce –n final ne se fait éventuellement entendre que dans les liaisons : Biarn e Gascougne.
• Les consonnes doubles dans caddèt « cadet », calle « caille », pinna « gambader », arrecatta « ranger »… s’entendent très nettement.
▲ -s- / -ss- se prononcent comme en français sauf dans les mots suivants où –ss- a vraiment une prononciation géminée : dessarra « desserrer », desseca « dessécher », (d)essegassa « enlever les ronces », dessepara « séparer », (d)essouca, « dessoucher », dessouda « dessouder », essay « essai », essaya « essayer », essouya « ramoner »…
• Consonnes finales : dans que sas « tu sais », le -s se fait très nettement entendre, de même que le -t final dans qu'èy cantat → « j’ai chanté » et le -p dans que sap « il / elle sait ».
► Deuxième principe à retenir → l'accent tonique.
En béarnais toutes les voyelles ne se prononcent pas avec la même intensité. Celles qui se prononcent avec plus de force que les autres sont appelées toniques. Pour vous faciliter le repérage et la lecture de ces voyelles dites toniques, nous les avons indiquées en caractères gras. Vous remarquerez rapidement qu’il n’y a que deux places possibles dans l’accent tonique béarnais :
• sur l’avant-dernière syllabe → Minye ! « Mange ! »
• sur la dernière syllabe → Que minyam. « Nous mangeons. »
► Les consonnes béarnaises ont la même valeur qu'en français sauf…
• lh qui se prononce un peu comme le « -gli- » de l’italien ou le « -lh- » du portugais : lou lhéyt « le lit », tribalha « travailler », sourélh « soleil ».
• th qui se prononce [ tch ou ty ] dans la montagne ou [ ty ] à l'ouest du Béarn, comme dans le français « tiens » : thic « peu », pothe « poche », bèth « beau », éth « lui ».
• h qui est toujours fortement aspiré : hilh « fils », gaha « prendre ».
• r ≠ rr, (–r- simple et le –rr- double) qui n'ont pas la même prononciation, le premier est légèrement roulé avec un battement unique du bout de la langue, le second l'est beaucoup plus vigoureusement avec un battement multiple : lou pourét « le poulet » ≠ lou pourrét « le poireau ».
• y qui est en béarnais une consonne, se prononce comme dans le français « yo-yo » lorsqu’il se trouve en début de mot ou entre deux voyelles. À la place du y, dans les mêmes positions, on pourra trouver j prononcé [j]comme dans « joujou ». Ainsi, en béarnais, selon les endroits, « moi » se dit [you]et s’écrit you ou bien se prononce [jou]et s’écrira alors tout simplement jou. « Il y a » se dit [kéya] ou [kéja], nous l’écrirons que y a ou que j a. « Se promener » se dit [passéyas] ou [passéjas], nous l’écrirons passeya-s ou passeja-s. En fin de mot ou après voyelle et/ou avant consonne, le y équivaut au français « -ill » comme dans « bouille », « taille », « veille » ou « fille »... Dans cette position, on ne trouvera jamais le j. Ainsi qu’èy [kèille] « j’ai », que bouy [kébouille] « je veux », pay [paille]« père », que boy [kébòy] « je vais » comme dans l’anglais boy « garçon »…
• -sch- qui se prononce comme deux « ch » : escharre « courtilière », eschourda « assourdir », eschalagas « grosse averse ».
• -bl- / -gl- qui, placés entre deux voyelles, se prononcent souvent comme s’il y avait deux –b- ou deux –g- : agradàblẹ [agradabblé] « agréable », esbisagla [ézbizaggla] « éblouir ».
► Les voyelles béarnaises ont la même valeur qu'en français sauf…
• -e- qui est prononcé [é] excepté quand il se trouve à la fin d'un mot de plusieurs syllabes. Dans ce dernier cas, il est prononcé [ò] ou [eu]bien ouverts. Ainsi, dans l’expression « il se dispute », qui se dit en béarnais [késpéléyò] ou [késpéléyeu], écrit que-s peléye, le [ò] et le [eu]sont bien ouverts.
• o / ò qui se prononce normalement très ouvert comme dans le français « bol ».
• o qui, placé devant une voyelle, se prononce [ w ] : boéu [bwéou] « bœuf ».
• -ẹ, appelé -e pointé, qui transcrit un [é] final atone : bàdẹ [badé] « naître ».
▲ Le u se prononce exactement comme dans le français « lune ». Cependant, lorsqu’il se trouve après une autre voyelle, il aura le son [ou]comme dans le français « poule », mais atténué. Observez les exemples ci-dessous.
• au est prononcé [ aou ], en insistant sur le a : que bau « je vais ».
• èu est prononcé [ èou ], en insistant sur le è : lou cèu « le ciel ».
• éu est prononcé [ éou ], en insistant sur le é : lou péu « les cheveux ».
• iu est prononcé [ iou ], en insistant sur le i : que biu « il vit ».
• òu est prononcé [ òou ], en insistant sur le ò : que bòu▲ « il veut ».
▲ Ne confondez pas ce son òu [òou] avec le son [ou], en particulier lorsqu’il porte un accent grave sur le ù → où pour indiquer l’accent tonique : Lou boùrrou que bòu bébẹ. → « L’âne veut boire. ».
• L'accent circonflexe placé sur a, e, i, ou et u indique le caractère nasalisé de la voyelle : lou câ « le chien », lou hê « le foin », lou bî « le vin », lou bouhoû « la taupe », û « un ». D’une manière générale, toutes les voyelles nasales sont toniques.
▲ En béarnais, contrairement au français, les groupes -an, -en, -in, -un se prononcent respectivement comme dans le français standard, -« Anne », « benne », « fine », « lune ».